33. On ne peut acquérir et garder le parfait amour de Dieu qu'en proportion de la connaissance spirituelle ; or celle-ci s'accroît graduellement par les efforts ascétiques quotidiens de l'âme. Sachant cela, l'Apôtre dit que le Créateur est connu analogiquement, d'après la grandeur et la beauté des créature".

Syméon le nouveau Théologien
Chapitres théologiques gnostiques et pratiques, S.C. 51, 1957 ;
Première série : Chapitres pratiques et théologiques

32. Lorsque tu es attablé avec toute la communauté, que toutes choses paraissent intérieurement à tes yeux comme des ombres, que tu ne t'aperçois pas de la saveur des aliments et que ton âme est toute en admiration de ce prodige et toute pleine de larmes, reconnais alors que la grâce de Dieu te donne, par l'afflux de l'humilité née de la crainte, une indication : en voyant les œuvres de Dieu et en apprenant la faiblesse des choses sensibles, greffe la crainte sur l'amour des choses intelligibles. Telle est en effet la sagesse spirituelle, comme on l'appelle ; située entre la crainte et l'amour, elle fait passer l'homme de la première au second insensiblement et sans risques.

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Chapitres théologiques gnostiques et pratiques, S.C. 51, 1957 ;
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31. Beaucoup renoncent à cette vie et aux biens de cette vie ; mais bien peu à leur propre volonté ; c'est à leur sujet que la parole de l'Évangile est bien vraie : "Beaucoup d'appelés, peu d'élus".

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Chapitres théologiques gnostiques et pratiques, S.C. 51, 1957 ;
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30. C'est une marque de foi vive que de vénérer comme sainte même la place où se tient notre père et guide, de prendre dans nos mains avec ferveur la poussière de ses pieds et de la répandre sur notre tête et d'en enduire notre poitrine comme un remède à ses passions et une purification des péchés ; on n'ose plus s'approcher de lui ni simplement toucher une de ses tuniques ou un de ses habits sans sa permission et si l'on manie quelque chose qui lui appartient c'est avec crainte et respect ; on se juge indigne de le voir, de le servir et même de pénétrer dans sa cellule.

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Chapitres théologiques gnostiques et pratiques, S.C. 51, 1957 ;
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29. Celui qui par vertu aime ceux qui l'injurient, qui lui font tort, qui le détestent et le fuient, et qui prie pour eux, celui-là réalise en peu de temps de grands progrès. Cet acte, produit d'un cœur conscient, plonge la pensée dans l'abîme de l'humilité, à la source des larmes où sont baignées les trois parties de l'âme ; il élève son intelligence jusqu'au ciel de l'impassibilité et la rend propre à la contemplation. Le goût de la félicité qu'il y trouve lui fait estimer comme de vulgaires déchets tout ce qui appartient à cette vie ; même la nourriture et la boisson ne lui plaisent guère et ne l'attirent pas souvent.

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 Chapitres théologiques gnostiques et pratiques, S.C. 51, 1957 ;
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28. Celui qui a acquis une confiance véritable en son père selon Dieu, en le voyant croit apercevoir le Christ ; s'il est près de lui, s'il l'accompagne, il croit fermement être près du Christ et l'accompagner. Tel quel, jamais il ne désirera fréquenter quelqu'un d'autre ; aucun bien de ce monde ne lui paraîtra préférable à son souvenir et à son amour. Quoi de plus grand et de plus avantageux dans cette vie et dans la vie future que d'être près du Christ ? Quoi de plus beau et de plus doux que sa vue ? Mais si l'on est favorisé aussi de sa conversation on y puise vraiment la vie éternelle.

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27. Celui qui avait acquis l'expérience de l'avantage spirituel et possédait une foi indéniable, s'étant confié à Dieu, témoin de la vérité, déclara : "J'ai pris à part moi cette résolution de ne jamais rien demander, à boire ou à manger, à mon père spirituel ni de prendre quoi que ce à son insu, tant que Dieu ne lui inspire pas de me commander. Avec cette disposition, ajoutait-il, je n'ai jamais dévié de mon but".

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26. Ne demande jamais d'eau à boire même si la soif te brûle ; attends que ton père spirituel t'en offre de sa propre initiative. Fais-toi violence, domine-toi en toutes choses, convaincant ta raison par ce mot : "Si Dieu le veut !" Si tu mérites de boire, Dieu inspire certainement ton père, il te dit : "Bois ! Alors tu boiras, la conscience tranquille, même si l'occasion vient a contretemps.

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25. Sans la permission de ton père spirituel ne fais pas l'aumône avec les biens que tu as apportés ; n'accepte pas même qu'en dehors de lui quelqu'un touche de ces biens par ton homme d'affaires. Mieux vaut être pauvre, étranger et en avoir la réputation que de distribuer des richesses et de donner aux pauvres, lorsqu'on n'est que novice. Une foi sans mélange fait tout remettre à la décision du père spirituel comme entre les mains de Dieu.

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24. Sache que, dès l'instant où tu t'es remis tout entier aux mains du père spirituel, tu es devenu étranger à tout ce qui attirait tes soins au dehors, je veux dire les affaires et les richesses des hommes. Sans sa permission abstiens-toi de t'occuper de quoi que ce soit parmi eux ; ne demande pas non plus qu'il te laisse la moindre chose : que lui-même de son propre mouvement ou te commande de le prendre ou te le donne de sa propre main.

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